Friday, April 27, 2007

Iliketrains: Spencer Perceval EP

A peu près un après leur épatant premier mini-album (un de mes favoris de 2006, trouvez la critique complète ici), les Anglais de Iliketrains nous reviennent avec un petit single de deux titres.

La première chose qu'on puisse dire, c'est que leur style, fait d'arpèges froids, de voix chaude et lassée et de montées de guitares bruissantes est toujours là. Si vous avez apprécié Progress/Reform, voici deux titres en plus que vous ne pouvez que retrouver avec plaisir. La plage titulaire est une longue composition de plus de neuf minutes sur la biographie d'un meurtrier. Le thème est en accord avec cette tension dramatique qui se dégage immanquablement. Mais les moments paroxystiques ont fait place à de plus convenus murs de guitare. Ca reste de la belle ouvrage. Le second est plus mélancolique, trouvant dans la répétition d'un thème assez simple une efficacité certaine. Avec en prime des cuivres qu'on avait vu en concert (il faut tendre l'oreille pour les entendre sur l'album).

Tout ça pour dire que Iliketrains ne change pas d'un iota mais pour ceux qui sont restés sur leur faim voici un autre supplément de fort bonne facture.

Wednesday, April 25, 2007

Première écoute: The National

Il y a des albums qu'on attend plus que d'autres. Tout simplement parce que ce qu'on connait du groupe nous allèche plus que d'ordinaire. The National s'est forgé une place à part dans mes préférences. Avec un album très mature, Alligator et une excellente prestation au Botanique. A ce propos, ils assurent la première partie d'Arcade Fire pour la plupart des dates américaines. Soit mes deux concerts préférés de 2005 sur la même affiche.

Leur petit dernier, Boxer, sort dans quatre semaines mais il me faudra bien ça pour en faire le tour. C'est-à-dire que la richesse me semble être à la hauteur de l'attente. On a moins de lenteur, de langueur et le ton plus 'rock' les rapproche parfois plus d'Interpol. Et puis il y a cette voix, chaude, profonde, habitée, qui est un des ingrédients qui rend la musique de The National tellement singulière en dépit des références évidentes (Tindersticks en tête).

L'album s'adoucit au fur et à mesure de son écoute. Mais il y a toujours, tapie quelque part, la possibilité d'un moment musical de pure intensité (Slow Show, Guest Room).

Tout ce que je peux vous conseiller de faire, c'est vous rendre sur leur myspace. Le single annonciateur, l'excellent Fake Empire s'y trouve (ainsi que trois titres d'Alligator). Vous aimez ça? Voilà, la magie The National a opéré.

http://www.myspace.com/thenational

Gus Gus - Forever en bref

Voici une brève critique du dernier LP de Gus Gus qui échappe ainsi de justesse aux incritiquables...




Forever? Le Gus Gus d’autrefois n’est cependant plus. Fertile terreau d’islande de la fin des années 90 (Emiliani Torrini notamment...), la formation est aujourd’hui réduite à 3 membres, et fait de l’acidhouse early 90’s : charleys filtrés, vocal soul pétasse, bassline trance pour ibiza, ca ressemble à du Tiga et à du Kevin Saunderson par moment, on pourra y trouver de la qualité pour le dancefloor. Mais "Attention Danger" : ca pointe un peu vers "DJ Sash est de retour". Mais quand même il y a un petit reste de l’electrofunk de Gus Gus sur "Sweet Smoke"... une note d'espoir?

Tuesday, April 24, 2007

Nous Sommes Jeunes, Nous Sommes Fiers

Il y des livres qui nous manquaient. C’est une évidence qui m’a frappé dès les premières pages de ce Nous Sommes Jeunes Nous Sommes Fiers de Benoît Sabatier. En effet, 700 pages pour relater l’histoire de la culture jeune à travers la musique, c’est l’assurance de ne plus écouter idiot. Le sous-titre promet d’Elvis à Myspace. Et il tient cette promesse tant les derniers chapitres collent à l’actualité.

Un jeune en 1954, 1964 ou 2007, ce n’est vraiment pas la même chose. Et comme le jeunisme forcené est une des tendances lourdes de ces dernières décennies, brosser le portrait de toutes ces générations revient à radiographier la société occidentale. Car si tout le livre est truffé de références musicales, ce n’est pas d’une histoire de la musique pop dont il est question.

La grande force de ce livre, c’est la connaissance quasi encyclopédique de son auteur, Benoît Sabatier (rédacteur du très branchouille Technikart), et son remarquable travail de documentation. Autre qualité, ce n’est jamais passéiste. C’est qu’il est conscient que toutes les périodes d’euphorie ont généré de sévères gueules de bois. Dans la longue série des points forts, il prend souvent position, pouvant en une épithète donner son avis sur un groupe. Et il tombe rarement à côté. Je m’en voudrais aussi de ne pas indiquer qu’il n’a pas de tabous et que tous les sujets sont traités avec sérieux. Il est même particulièrement pertinent quand il décrypte le phénomène Madonna, les Boys Bands ou la Starac’. Pas de condescendance là-dedans, juste une remise en perspective, ce qui est assez fort pour des phénomènes aussi récents.

Mais ce n’est pas une œuvre savante et universitaire. Même si les nombreuses allusions aux situationnistes pourraient le faire croire (on m’a fait subir Vaneighem étant jeune, je constate seulement maintenant à quel point c’est une mauvaise idée). Non, c’est assez divertissant à lire. Il faut quand même énoncer quelques particularités de l’ouvrage. L’hypothèse de départ, c’est qu’après 1954 (les débuts d’Elvis Presley), tout a basculé en 1984. C’est l’année d’Orwell qui aurait marqué le tournant dans la culture de masse dont on subit encore les soubresauts. Pourquoi pas. C’est en tous cas argumenté. Comme le titre l’indique (ça ne me disait rien), le fil rouge est Taxi Girl. Non que je veuille dénigrer ce groupe culte français, mais par rapport à certains groupes importants, la place qui leur est consacré est assez disproportionnée. Je veux bien admettre que c’est exemplatif mais bon, passer autant de pages à décrire leur dernier catastrophique passage télévisé alors que des groupes comme The Cure ou The Smiths ont droit à une demi-page (sans parler de Led Zeppelin réglé en une demi-ligne) est assez vain. Dans le même ordre d’idées, les portraits de tous les junkies mondains de la charnière des années disco sont fouillés alors que l’intérêt me semble limite. Mais dans tous les cas, ça reste vivant et agréable à lire.

Le point de vue est évidemment très français. Ce qui amène à se dire que ce pays (le nôtre aussi hein) a été bien à la traîne, de l’erzatz yéyé à l’indigence punk. Prenez la chanson hexagonale des années ’70 et mettez ça en face de ce qui se faisait aux Etats-Unis ou en Angleterre et on a vite l’impression de voir évoluer deux planètes...

Vous l’avez compris, ce bouquin est une somme, vraiment indispensable et dont on se demande comment on a pu s’en passer. C’est un des trop rares ouvrages qui offrent à la fois une perspective historique et une analyse critique.

Friday, April 20, 2007

Première écoute: 65 Days Of Static

On connaissait déjà les énervés de 65 Days Of Static. Par leur premier LP tout d'abord (One Time For All Times), par leurs incendiaires prestations live ensuite. C'est que ces rythmes hallucinants sont dus (en majorité du moins) à un être humain. Ou assimilé tant l'abattage est impressionnant.

On peut dire que sur ce The Destruction Of Small Ideas l'univers reste le même: batterie imprévisible et puissante, guitares énervées et puissantes, mélodies au piano, puissantes aussi. Ils tentent juste une incursion dans l'électronique plus basique et c'est un peu moins bien.

Le gimmick piano doux/guitare dure fonctionne toujours en plein. Ils ont un style bien à eux. Si le procédé est connu a priori, les titres s'enchainent sans ennui. On attend toujours les orages de cette musique et on n'est jamais déçus. Ils savent comment faire fonctionner une accélération. A aucun moment on ne regrette la présence d'un chant (c'est du post-rock, je vous avais pas dit?). Que du contraire même.

Plus de précisions, commentaires et arguments bientôt sur le vrai site.

Sunday, April 15, 2007

Première écoute: Arctic Monkeys

Un peu plus d'un an entre les deux premiers albums, c'est ce qui s'appelle battre le fer tant qu'il est chaud. Mais par les temps qui courent, c'est loin d'être un mauvais calcul.

Tant de groupes jeunes se sont cassés les dents en donnant une suite à leur première réussite qu'on tremble un peu pour eux. Et on a un peu tort. Cet album sent l'urgence, mais pas la peur (celle qui a paralysé Bloc Party). Leurs tournées interminables leur ont visiblement donné confiance. Ils se détachent un peu de leurs ressemblances avec des groupes comme les Libertines par exemple.

Après une écoute, il y a déjà un titre qui va repasser souvent dans mes tympans (Old Yellow Bricks). Il y a aussi des scories, des maladresses, un désir de trop bien faire. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je sens qu'on les attend au coin du bois avec un gourdin clouté.

Voilà voilà, laissez-nous le temps de passer les paroles qu'on imagine aussi inspirées que la première fois et on en reparle.

Thursday, April 12, 2007

Première Ecoute: Bright Eyes: Cassadega

Meuh non on vous oublie pas. Mais on se laisse dépasser de temps en temps. Nous revoilà donc.

Avec une sortie simultanée de deux très bons albums (Digital Ash In a Digital Urn et I'm Wide Awake, It's Morning) dans deux registres différents et un live convaincant dans la foulée, j'attendais beaucoup de ce Cassadega.

Première impression, la déception. Qui dure le temps des premiers morceaux, assez en deçà de Four Winds qui avait fait l'objet d'un EP récent et semble bien supérieur. Puis au fur et à mesure qu'on avance, on se laisse gagner par le savoir-faire. C'est que si on n'a pas nécessairement les surgissements des précédents albums, la qualité reste quand même là. On sent qu'il a voulu par moments voulu mixer leurs styles respectifs (plus folk et presque pop électronique) et se cherche encore. premier verdict, la pâte ne prend pas encore. Second verdict, c'est quand il pousse le principe folk le plus pur (celui des reprises de Pete Seeger par Springsteen par exemple) qu'il accouche de ses meilleures chansons (Four Winds, I Must Belong Somewhere).

Conor Oberst est bien un des plus grands talents folk-rock de l'époque, c'est confirmé. Mais de grâce, arrêtez de parler de Bob Dylan, vous allez le bloquer.

Evidemment, plus d'une écoute sera nécessaire pour accoucher d'une critique plus fouillée sur le vrai site. Si ça c'est pas du teasing d'enfer...