Thursday, October 11, 2007

Puissance, originalité et nervosité, concepts relatifs et limités dans le temps

...ou quelques réflexions philosophiques sur la musique et le temps

ça vous arrive parfois d’aller exhumer un de ces morceaux d’hstoire - un morceaux de votre histoire- de votre collection de CD. Vous vous réjouissez avant même de l’avoir mis sur la platine du son rapeu, original et intransigeant qui va sortir des enceintes ?

Ne vous est-il jamais alors arrivé d’être quelque peu déçu du résultat qui arrive vos oreilles? Car non, la mémoire n’est pas trompeuse et tout ceci a bel et bien pu avoir un jour toutes les qualités que vous lui attribuez encore, mais le contexte à malheureusement changé:
La mode a évolué, ce type de prodction est devenu la norme, si pas la norme précédente, et ce qui a pu sembler osé ou avant gardiste ne l’est plus du tout.
Un exemple personnel ? comme vous voyez je n’hésite pas à payer de ma personne pour vous faire comprendre mon propos.
Prenons donc Placebo et son premier album qui, il faut dire, nous avait bien décoiffé à l’époque.
J’éprouve toujours une légère anticipation avant de lancer Bruise Pristine, car le nom me ramène à l’esprit un souvenir de musique brut et intrensigeance. Dix ans après les verdicts est malheureusement sans appel : banal.
PAr contre, un 36 degrees a quant à lui mieux vieilli.
De même pour les morceaux de Nirvana ou de Rage against the Machine qui ont pu parraitre si cru et brutaux. Au final, ne reste pour moi plus que le talent de cobain pour un songwriting abstrait et l’energie et l’engagement de 4 gars qui ouvraient la voie une fusion rock-rap (qui ne fut pas toujours des plus heureuses cfr le nu-metal).

D’un autre côté, dites moi donc, pourquoi en comparaison le son d’Editors sur son End has a Start me semble si puissant alors qu’au final il ne fait que reprendre tous les bons filons de la new wave anglaise et des productions de U2.
Les choses sont ainsi et nous apprécions donc par contraste avec ce qui est pour nous devenu la norme.

L'écrire d'une critique n'échappe pas à ce phénomène. Il est dès lors fort difficile d'avoir un avis éclairé sur un album 20 ans après sa sortie. On pourra juste se contenter de juger de son impact général et du nombre de groupes se réclamant de son lignage...
De même rien ne sert de perdre son sang froid à propos d'une critique de votre artiste préféré parue dans un magazine ayant des références à 100 km des vôtres. Le référentiel n'étant pas le même, peu de chance que la chronique ait la moindre pertinence pour vous et qu'elle vous soit destinée.

1 comment:

Paulo said...

Oui je comprends bien ce que tu dis, c'est du vécu. Ce pendant cette impression que tu décris est elle-même dépendante du contexte, ce qui fait que, dans 10ans, les choses seront différentes, le statut de Placebo également et leur premier album sera regardé comme un objet rare et représentatif d'une période type...
suffit de voir les icones précédents (je pense à velvet underground) et leurs comparses moins connus qui peuvent être des trésors pour les spécialistes. C'est aussi l'histoire d'un son, si nous avons perdu le son des années 70, nous avons aussi perdu le son des années 90, le double album des smashing ressemble à de la bouillie bordelaise comparé à une production actuelle, pourtant dans dix ans nous assisterons probablement à sa réédition avec remasterisation.

Là je m'apprête à réécouter depuis très très longtemps un icône - In a bar under the sea - je suis angoissé à l'idée d'être déçu.